Récit de l'Ironman de Roth

ca donne envie de faire un Ironman félicitation à tous les jaunes et bleus vraiment super!!

uniquement BRAVO,
bravo a vous tous et merci de nous avoir fait vivre votre ironman...

Aout 2009 : c’est au court d’un apéro chez Cyril que tout a basculé (je rappelle : l’abus d’alcool est dangereux pour la santé). Même si l’idée de participer à l’Ironman de Roth me trottait dans la tête depuis un petit moment, officiellement j’ai envoyé mon inscription ce soir là …. Et bien entendu ça a fait l’effet boule de neige auprès de certains triathlètes du club. Finalement nous serons 9 du club (plus de 10% de l’effectif … pas mal !!) : moi, Geneviève, Balli, Cyril, Cyrille, Eric, Fred , Laurent et Olivier.

Hiver 2010 : L’objectif de ces 4 premiers mois de l’année était de maintenir un volume régulier de 8 à 10 heures afin de préparer le corps à nos futures grosses semaines sportives : gros volume en natation, maintien de 2 sorties de 80km en vélo tout en vélocité, et travail de VMA – seuil – endurance sur des séances max. d’1 heure en course à pied.
On espérait un hiver doux et court et bien on a eu tout le contraire : rude, froid et long (mes orteils s’en souviennent encore !!!). C’est le mental entamé que je sors de cet hiver : vraiment trop dur de se faire violence pour aller courir et rouler dans ces conditions. Un grand merci à Décathlon pour leurs chaufferettes qui m’ont permis de conserver mes 10 orteils.
Les prémices de beaux jours se font enfin sentir en avril et c’est tant mieux car les choses sérieuses arrivent.

J – 12 semaines : l’amusement est fini, j’attaque le plan d’entrainement spécifique de 12 semaines concocté par JP. Y a pas de place pour l’improvisation et le planning est serré. Ca va être chaud de concilier la vie personnelle, le boulot et maintenir un semblant de vie sociale. En moyenne, le volume horaire moyen va s’élever à 15 heures avec des pointes à 18 heures et des semaines de relâche à 10-12 heures. J’appréhende car il faut que le corps et la tête tiennent.
Je passe sous silence les petites séances de 1 heure mais globalement durant une semaine type il faut caler une grosse sortie vélo de 3h30, une grosse sortie de càp entre 1h30 – 2h00. Et le WE, c’est le feu d’artifice : samedi enchainement 1h30 natation + 4 à 5 heures de vélo, et dimanche enchainement 3 heures de vélo + 1 à 1h30 de càp. Au milieu de tout ça, on avait glissé une cyclo pour faire un peu de rythme, l’half-ironman de Belfort (très belle épreuve au passage) et le CD de Cublize.
Avec tout ça, les dimanche après-midi se ressemblaient tous : grosse sieste. J’étais une vraie lavette, en position horizontale, plus rien ne bougeait !! Je ne remercierais jamais assez mon amour qui a été d’une grande compréhension.

J – 15 jours : j’arrive enfin au bout de ces 12 semaines d’entrainement et c’est place à la récupération pour recharger les batteries. Ouf de soulagement, c’est finalement pas trop mal passé, sans blessure …. et sans trop de tension au sein de couple. Jusque là, pas de regret : je pense ne pas avoir pas trop mal géré l’entrainement (suivi à la lettre), le boulot et mon couple …. Même si j’ai essayé de faire quelques heures d’entrainement en temps masqué, c’est très consommateur de temps et si ma moitié n’avait pas été de tout cœur avec moi, je n’y serais pas arrivée.
La préparation est finie, mais suis-je vraiment prête ???? Selon les jours, je suis plus ou moins confiante. Il faut rester dans une dynamique positive et je me suis dis que j’ai fais le plus dur et qu’il n’y pas de raison que ça ne passe pas. Par contre, depuis quelques jours, la canicule s’abat sur l’Europe et ça ne me réjouit pas du tout. Si on a de telles températures pour Roth, ça va être un vrai carnage !!!! La météo sera mon obsession sur cette dernière ligne droite : tous les jours, connexion aux sites de météo pour observer l’évolution.

J – 3 jours vendredi 16 juillet 2010 : les 2 minibus sont garés devant chez Fred et n’attendent plus qu’à être chargés. Qu’est-ce qu’on peut emmener comme bazar !!!! Notre GO, Eric, a prévu le départ à 9h00.
Le voyage se fera sans Cyril, obligé de renoncer en raison d’un problème de santé 3 semaines avant l’échéance.
La route sera longue car un accident et des bouchons ont bien ralenti notre progression. Les températures extérieures (> 30°) sont toujours inquiétantes, et la climatisation des minibus est bien appréciée. C’est finalement vers 19h00 que nous arrivons à Nuremberg : passage éclair à l’hôtel pour prendre nos clés et on reprend les minibus pour se rentre sur le site de la course à Roth (20km au sud). Le site est immense et grouille de monde. Il faut mieux oublier sa carte bleue car les tentations sont nombreuses avec tous ces exposants. Après avoir récupéré nos dossards et mangé nos pates à la pasta-party, retour à l’hôtel pour un repos bien mérité.

J – 2 jours samedi 17 juillet 2010 : l’orage est tombé dans la nuit et a bien rafraichi l’atmosphère. On respire un peu mieux mais il fait encore lourd. Après un bon petit déjeuner, la matinée sera réservée à la préparation des sacs : le vert « swim », le rouge « bike » et le bleu « run ».
Les vélos et les sacs « run » doivent être déposés sur le site du départ avant 17 heures donc pour éviter le plus gros de la foule, Eric nous propose d’y aller en fin matinée. Il s’avérera que cette proposition sera bien judicieuse. Arrivé sur le site, tout le monde s’affaire à monter, régler, préparer son vélo : un petit tour de 5km permettra de vérifier que tout est ok. On regarde une énième fois que le sac « run » contient bien 2 chaussures, 1 shorty, 1 casquette, etc …..et en route pour le parc à vélo. Après un contrôle allemand tout en rigueur, on rentre enfin dans ce fameux parc de 3200 vélos. Wahou !!!! Malgré l’immensité du parc, c’est bien balisé et nous trouvons assez facilement notre place avec Geneviève. Nous sommes dans la même allée : dossards 576 et 584.
Finalement à 13h00, l’objectif de la journée est rempli. Il ne nous reste plus qu’à manger et à nous reposer. Après avoir tourné une petite heure, on se pose dans un « biker cafe » et nous y avons vécu une scène d’anthologie avec Cyrille qui a engouffré plus vite que son ombre une assiette de pâtes qui ne lui était pas destinée. On était plié de rire !!!!
Fin journée tranquille à Nuremberg : sieste, petites courses pour les sandwichs du lendemain. La pluie s’invite en début de soirée et on commence même à imaginer que nous pourrions avoir froid demain pendant le vélo.
Le dernier repas aura lieu dans un resto italien : on en a marre des pâtes donc tournée de pizzas pour la majorité d’entre nous. L’ambiance est bonne et pas spécialement tendue. Ca discute, ça rigole.
On règle les derniers détails pour le départ du matin, un dernier surf sur le site météo (les prévisions sont parfaites : 23-24°, alternance soleil-nuages) et direction dodo.

J – 2h30 dimanche 18 juillet 2010 : le réveil sonne à 4h00 : la nuit n’a pas été très bonne : stressée, agitée …. Grrrrr l’échéance arrive. Je sens une pointe de tension et je n’ai pas très faim mais je dois faire honneur au Gatosport. Une, deux, trois, quart, cinq parts …. puffff j’en peux plus.
On vérifie une énième fois le contenu des deux derniers sacs et direction le minibus pour un départ précis à 4h45.
Pendant le trajet, la tension est palpable, le silence est de rigueur.

J – 1h00 dimanche 18 juillet 2010 : arrivée sur le site du départ. Geneviève et moi descendons à la va vite du bus sans trop se soucier de son stationnement Le départ des filles est à 6h25 et celui des garçons à 7h25 ……Ca grouille de monde et ça tranche par rapport à la veille. Le parc à vélo est plein et rempli de très belles machines. Chacun est concentré sur les derniers préparatifs.
Priorité, je finalise mon vélo : mettre le bidon et le ravitaillement, regonfler les pneus. Ensuite, je vais déposer mon sac « bike » sur le tapis juste la sortie de la natation, et au passage je profite des nombreux toilettes pour faire une dernière escale technique. A 6h00, j’entends le départ de la première vague des élites : la course est bien lancée.
Maintenant, la mission est de retrouver Xavier : pas facile de le repérer dans cette foule. Super je l’aperçois et m’oriente vers lui : pour le côté pratique je peux lui redonner ma pompe et mais j’ai surtout besoin de son réconfort et de ses encouragements. Ces derniers mots me font monter les larmes aux yeux mais je ne me laisse pas submerger par l’émotion et reste concentrée. Ca fait 6 mois que je ne cesse de penser à ce moment donc il faut juste que je profite pleinement l’événement.
6h15, il est temps de mettre la combinaison et de se présenter au sas de départ. Environ 350 bonnets roses sont rassemblés : on trouve les stressées, les détendues, les hystériques, les bavardes …….

6h25 dimanche 18 juillet 2010 : le bang du départ est donné. 6 mois de préparation qui se jouent maintenant. Je pars tranquillement, je cherche juste à sortir de l’eau. De toute façon, il est préférable de s’appliquer et de s’économiser. Pas grand-chose à raconter sur cette partie natation hormis que j’ai trouvé ça long ….. 3800m. Interminable ce canal ….. et j’ai l’impression de nager comme une clé à molette. Je craignais de me faire monter dessus par les vagues suivantes mais finalement seuls quelques bonnets (je ne me rappelle plus des couleurs) me dépasseront dans les 200 derniers mètres. La sortie de l’eau est enfin là : Yes !!!! Allez on chope son sac rouge « bike » et hop sous la tente : transformation en cycliste. Sans problème je retrouve mon vélo. Xavier est positionné au niveau de la sortie du parc : je l’entends avant de le voir. Un petit sourire et un petit signe pour signaler que tout va bien et je monte sur ma vaillante monture.
180 km se profilent à l’horizon. La difficulté est de ne pas s’emballer, pédaler souple et ne pas s’affoler devant toutes les fusées qui me déposent. Mot d’ordre : GERER. Contrairement à ce que je peux ressentir sur mes précédents triathlons, les jambes sont là, présentes dès les premiers km, je me sens vraiment bien. Quelle ambiance dans et en dehors des villages : nombreux spectateurs, beaucoup d’encouragements, musique à gogo, etc ….. et la montée du Solar. Je me suis crue dans une étape de montage du tour de France. Les vélos se frayent un passage au milieu de cette foule …… c’est vraiment grisant et on monte tout seul. Côté ravitaillement, c’est la profusion : ils sont nombreux, bien organisés. Ils sont vraiment forts ces allemands. Avec tout ça, la fin du premier tour est là et c’est reparti pour 90km. Je ne change pas de stratégie : rouler souple et bien manger. J’ai tout de même un petit coup de ras-le-bol au 140km : je commence à trouver ça long mais je vis mon rêve donc je ne me laisse pas envahir par des pensées négatives. La fin du second tour est enfin là, et je bifurque à droite pour les derniers km qui nous amènent sur Roth. Je ne ressens aucune tension ou douleur particulière, de toute façon les toutes premières foulées sur la terre ferme vont vite me donner une indication sur l’état de fraicheur de mes jambes. La transition approche, j’enlève les pieds des chaussures et je descends du vélo. Waouh c’est raide !!!!! Les quelques foulées qui me permettent de récupérer mon sac bleu « run » ne me rassurent pas du tout. Depuis le début de l’aventure, le marathon me fait peur : ce n’est pas gagné de faire 42,195 km avec 2 poteaux !!!!
Sous la tente, je change de tenue et en profite pour faire quelques étirements. Je mets les running, la casquette, je fais une pause pipi pour courir plus légère et c’est parti. Et à mon grand étonnement, les 4 minutes prises au moment de la transition m’ont fais le plus grand bien. Même pas mal !!!! Je pars de toute façon tout doucement mais la foulée est légère. Je vois Xavier au bout de 400m et ça me fait chaud au cœur. Je lui souris et serre les poings pour lui signifier que je ne lâcherais rien. Sur cette partir pédestre, je vais juste essayer d’être régulière et maintenir une vitesse de 10 – 11 km/h. Au km 2, je croise l’extraterrestre Chrissie Wellington qui en finie. Bon-an, mal-an, je progresse sur ce premier aller-retour le long du canal. De nombreux ravitaillement sont postés tous les 2-3 km : systématiquement je ferais quelques pas pour boire une gorgée d’eau et une gorgée de boisson énergétique. Fred me dépasse au 4ième km : il a l’air vraiment à l’aise. Rien à signaler juste au 18km. Entre temps j’ai croisé tous les jaunes et bleus dans le sens contraire. Et c’est la que ça se complique : les cuisses sont vraiment dures et je prends un petit coup moral en me disant que je dois encore faire un semi-marathon. Ne rien lâcher, ne pas marcher : je ne cesse de me repasser des pensées positives. Je suis partie sur ce second aller-retour de l’autre côté du canal et vers le km 25 je recroise Fred toujours fringant : ces encouragements me boostent. Mentalement ça va mieux car je viens de passer le demi-tour et dans ma tête ça change tout : je suis enfin sur le retour même s’il me reste encore 12km. Cyrille, Eric, Laurent et Olivier, dans un mouchoir de poche, me suivent de quelques kilomètres et je les croise pour la seconde fois. Chacun est dans la douleur mais on échange comme même un petit mot, un geste …… 32, 33, 34 km j’aperçois Geneviève dans le sens contraire qui a l’air dans la difficulté mais je sais que son mental ne la lâchera pas. 35, 36, 37, 38 km il me reste la boucle dans le centre ville de Roth. Xavier est là et continue à m’encourager. C’est dur émotionnellement, ça commence à monter. Il y avait du monde sur le parcours mais rien avoir avec le centre ville de Roth : c’est la fête au village !!! 39, 40, 41 km et c’est la rentrée sur le stade : les 195 derniers mètres se font sur un tapis rouge et on a droit à un tour d’honneur : applaudissement, tapes dans les mains. Je prends tout ce que je peux pour profiter au maximum de ce moment magique.

J + 12h02 dimanche 18 juillet 2010 : FINISHER !!!!! Poignée de main, médaille, pause photo : c’est le grand jeu. Je passe brièvement par l’espace de ravitaillement – bizarrement j’ai faim et je prends 3 sandwichs à la charcuterie et fromage – mais je sors rapidement de l’espace réservé aux finishers pour tenter de retrouver Xavier. Je veux juste partager cet instant avec lui, qui a vécu cette aventure par procuration. Je tombe dans ses bras et je peux enfin laisser monter l’émotion. YES je l’ai fais.

Conclusion : Pour parfaire le tableau, tous les jaunes et bleus seront finishers. Nous passerons la soirée sur le site d’arrivée afin d’attendre le dernier finisher et admirer le feu d’artifice de clôture. Superbe soirée : nous avions tous les yeux pétillants (dus à la fatigue ou à la bière ????).
Personnellement, ce déplacement en groupe m’a été d’une aide indéniable : l’expérience d’Eric et de Fred a été rassurante, et la bonne humeur du groupe a évité de monter en pression.
Merci à tous ceux qui m’ont encouragée, supportée, aidée …

Valérie